Lundi 18 juillet 2005 - No. 15488

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MÉDIAS
“Secret Swami” soulève les passions du cabinet


Le cabinet se substitue à l’IBA, réclamant une enquête sur un documentaire diffusé par la MBC sur le Saï Baba. L’indépendance de l’Etat par rapport à la religion est bafouée.

L’ironie est pesante. Il y a quatre ans, l’alliance gouvernementale s’était engagée à faire de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) “une BBC à la mauricienne”. Jeudi, le Conseil des ministres a décidé d’enquêter sur la retransmission d’un documentaire… de la British Broadcasting Corporation (BBC) sur les ondes de la MBC. Le cabinet s’est dit inquiet qu’un programme diffusé sur une chaîne publique ait “projeté une mauvaise image du Saï Baba”.

La décision du cabinet étonne. Maurice étant un État laïc, l’exécutif doit affirmer son indépendance vis-à-vis de la religion. Or, ce principe a été bafoué. Une lecture du communiqué officiel du conseil des ministres mène à une seule conclusion : il est interdit de critiquer le Saï Baba.

Confortablement installé dans son ashram au Sud de l’Inde, le Saï Baba devrait apprécier. Considéré comme un avatar, soit une incarnation divine sur terre, il compte environ 30 millions de fidèles à travers le monde. Le mouvement est bien ancré à Maurice, comptant des membres influents dans les plus hautes sphères de la République. Certains adeptes sont de grosses pointures de la politique mauricienne.

Secret Swami, le documentaire de la BBC, avait tout pour déplaire aux dévots mauriciens du Saï Baba. Présentant la face cachée de ce mouvement, les journalistes britanniques interrogent des anciens disciples qui font une allégation de taille : le Saï Baba aurait abusé sexuellement d’eux ou de leurs proches.

Diffusé vers 22 heures mercredi, le documentaire n’attire qu’une audience limitée. Les quelques disciples du mouvement qui le visionnent sont choqués et font scandale. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Les protestations atteignent les oreilles de membres influents du gouvernement. Le lendemain, l’affaire est prise avec le plus grand sérieux au Conseil des ministres. Après tout, le cabinet comprend des fidèles de Saï Baba.

Comme tout citoyen, chaque ministre est libre de choisir ses convictions religieuses. Il ne peut toutefois pas en faire une affaire d’Etat. Or, c’est ce qu’a fait le gouvernement en faisant du documentaire de la BBC un item officiel des discussions du cabinet. Cette stratégie lui a peut-être permis de grignoter un capital sympathie auprès de la communauté Saï Baba, mais elle a également nui à sa crédibilité.

Selon les dispositifs actuels, toute protestation concernant une émission radio ou télé doit être soumise par écrit à l’Independent Broadcasting Authority (IBA). Certes, le Complaints Committee ne siège pas depuis avril – car le contrat de ses membres n’a toujours pas été renouvelé – mais les procédures n’ont pas changé. Et le cabinet s’est joyeusement substitué à l’IBA.


Diffusé en Inde

A la MBC, tout est mis en œuvre pour répondre aux questions du conseil des ministres. Certains faits sont déjà établis. Le documentaire Secret Swami faisait partie des émissions de BBC World, la chaîne d’information en continu de la TV britannique. Il n’avait pas été diffusé en direct mais enregistré mardi pour être retransmis mercredi soir – une pratique commune pour les chaînes internationales retransmises à la MBC : TV5, BBC World et Doordarshan. Le seul hic est que le documentaire controversé n’avait pas été visionné avant d’être retransmis.

A la MBC, on affirme que “quelqu’un a fauté quelque part”. Cette logique ne tient pas la route. En retransmettant les émissions des chaînes internationales, la MBC a voulu démocratiser l’accès à des programmes de qualité. Pourquoi censurer ? Pourquoi quelqu’un enfermé dans un petit bureau à Forest-Side devrait-t-il décider ce que le reste de la population devrait voir ou pas ? Si on suit la logique de l’Etat, ce qui est bon pour ceux qui peuvent s’abonner au bouquet satellitaire de DSTV ne le serait pas pour le grand public.

Pour corser la situation du cabinet, Secret Swami est une production de la BBC, une des organisations les plus respectées au monde pour son éthique. La réputation de la corporation a cependant pris un mauvais coup après l’affaire Kelly en 2003, quand le journaliste Andrew Gilligan a produit un reportage imparfait sur l’exagération de la menace irakienne par Downing Street.


Liaisons dangereuses

Le Producers’ Guidelines de la station britannique a été revu depuis. Ce document dédie tout un chapitre aux susceptibilités religieuses. Secret Swami a même été diffusé dans la Grande Péninsule et le gouvernement indien n’en a pas fait une affaire d’Etat. Le documentaire a également été retransmis à la télévision britannique en juin 2004 sans qu’il n’y ait de grosses protestations. Le gouvernement mauricien semble être plus royaliste que le roi…

L’incident du documentaire sur le Saï Baba lève également le voile sur les liaisons dangereuses entre les organisations socioculturelles et la MBC. Au fil des ans, ces mouvements ont misé sur une clause du MBC Act qui stipule que la station doit trouver le juste équilibre dans l’allocation des heures de diffusion par rapport à la culture et la religion. Pour corser les choses, les organisations socioculturelles sont considérées comme des “banques à votes” par la classe politique mauricienne. Elles sont ménagées, privilégiées et chouchoutées. La surestimation est évidente mais personne ne voudra prendre le risque de les froisser.

Le résultat est que les organisations socioculturelles ne cessent d’influencer la programmation de la MBC. Certaines sont devenues si puissantes qu’elles rencontrent l’état-major de la rue Pasteur quand elles le veulent. D’autres se permettent de taper du poing. Le conseil d’administration de la MBC se contente de hausser les épaules et de soupirer “qu’il faut faire avec les réalités mauriciennes”. A tel point qu’il se retrouve avec des situations difficiles sur les bras. Comme la retransmission en différé du match Manchester United-Manchester City le dimanche 7 novembre, alors que cette rencontre aurait dû être diffusée en direct. La MBC avait alors décidé de satisfaire les quelques dirigeants de la Hindu House au lieu des milliers de fans de la FA Premiership. Qui disait que le football était la nouvelle religion ?



Ryan COOPAMAH


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